vendredi 11 février 2011

N5


Ce qui importe a ma joie, plus que cette incontestable victoire en Egypte, c’est un triomphe grandiose qui sert la cause de l’humanité. Et tant qu’il reste un résidu d’injustice, il demeure un devoir à la liberté.
La liberté enfante le bien et atténue les tentions. Et la dictature et l’autoritarisme produisent les frustrations et donc les conflits. Plus besoin de compter sur des pouvoirs illégitimes pour dessiner la feuille de route pour la paix, car celle-ci, n’est pas ce qui ment ou qui simule. Elle est ou elle n’est pas. Ce sont les hommes libres qui en font le contrat et qui en respectent l’engagement.
C’est pourquoi Il convient de voir dans la marche de cette divine révolution ce qui rapproche l’humanité. C’est aussi pourquoi il faut se réjouir de voir les opprimés se battre contre leurs oppresseurs.
Le tour des algériens est-il arrivé ? C’est à eux de décider, prendre le train de la libération ou dormir a jamais.
J’ai traversé l’Algérie à pieds, lorsque j’étais dans la fleur de l’âge. J’y ai cueilli d’inoubliables souvenirs, je me rappelle encore de la gentillesse, de la générosité, de la bonté et de la sensibilité des gens. J’en témoigne de cette humanité élevée. Une seule fausse note s’était glissée dans la mémoire. Un jour, je m’étais arrêté dans une mosquée pour me laver et prier en voyageur. Il y avait un cercle de fidèles au tour d’un orateur de vieille école. Celui-ci tenait un discours sur la forme et l’apparence des choses et ne disait rien sur le fond des préoccupations essentielles. J’ai fais une intervention autorisée. J’avais évoqué les questions des libertés publiques en tant que fondation de l’islam. On m’avait écouté avec des yeux grands ouverts, comme si je descendais de mars. Mais, lorsque les gens se sont rangés pour la prière, un gueux m’avait bousculé avec son ignorance. Je m’étais dit qu’il y avait encore un long chemin. Ah ! J’ai aussi gardé en mémoire le rassemblement d’une foule impressionnante à Constantine. Une jeune fille s’était suicidée en se jetant dans l’abime depuis un pont suspendu.
A part le détail du gueux et la tragédie de la malheureuse, je n’avais pas rencontré de comportement indigne. Des chauffeurs m’avaient pris en auto stop, a chaque fois que j’avais fais un signal, d’autres m’avaient donné un peu d’argent, d’autres m’avaient nourri et hébergé la nuit. Vraiment, ce peuple m’avait marqué agréablement. Lorsque je suis arrivé à la frontière marocaine. Les choses avaient commencées autrement. La douane m’avait demandé de l’argent, du bakchich pour avoir rempli ma fiche d’entrée au territoire. J’avais répondu que je pouvais remplir les champs moi-même, et que je n’avais pas d’argent. Cela avait déplu à l’agent qui m’avait causé quelques soucis. Une fois rentré sur le territoire marocain, aucune voiture ne voulait s’arrêter pour me prendre, j’avais marché toute la journée sous un soleil ardent. Ce n’est qu’au coucher du soleil que quelqu’un s’est arrêté pour me transporter quelques km. Il m’avait même mis en garde, en me disant : « fais attention a toi fils, c’est risquer de marcher seul… » Il m’avait donné de quoi payer une chambre d’hôtel bon marché. Mais en allant prier a la mosquée, j’avais rencontré deux étudiants qui m’avaient invité chez les parents. Je me souviens de ce vieux couple tout doux, tout tendre et du bon repas qu’ils m’avaient offert. J’ai rencontré leur autre fils qui ne s’entendait pas du tout avec son frère religieux. Ce dernier était communiste révolutionnaire et cultivé. J’ai eu une longue discussion avec lui et cela étonnait les parents de nous voir échanger dans une certaine concordance. Ils semblaient très soucieux des rapports conflictuels entre leurs enfants. Et m’avaient demandé de prier pour que leurs enfants puissent s’entendre et se respecter. J’aimais bien ce jeune qui était plus âgé que moi. Le lendemain il m’avait payé un soda au café en me signalant la présence de la police secrète et/ou des balances, avant de me laisser à mon destin. Un français résidant au Maroc et professeur de mathématique m’avait pris en stop pour une heure de route. Apres lui, plus personne n’était disposé à me rendre ce service. Même qu’un chauffeur de camion m’avait demandé de l’argent pour le transport, et quand je lui ai dit que si j’avais de l’argent j’aurais pris le transport en commun au lieu de bruler au soleil pendant les heures de ma longue marche. Et non, il m’avait demandé de descendre de son camion et parti sans moi. Ce jour là, j’ai du marcher jusqu'à minuit, lorsque j’ai vu une lueur de lumière non loin du cote droit de la route. La lumière de la ville que j’apercevais de loin, semblait reculer à chacun de mes pas fatigués. Je m’étais résolu à me diriger vers cette lueur, environs 2 ou 3 km. J’y avais trouvés des nomades bergers qui m’avaient offert galette et the, c’était si bon. J’aimerai dire que j’ai dormis cette nuit là, mais au parterre infestés de puces entourés de chèvres et de moutons, ou je ne sais quoi, j’en étais malade pour la semaine qui a suivi, j’avais des boutons, des démangeaisons jusqu'à la fièvre. Je raconte ceci pour dire tout le contraste observé en mon aventure de voyage à pieds vers la France. Je ne raconte pas tous les épisodes de mon périple et les mauvais souvenirs ne m’avaient pas empêché de m’émouvoir dans un constat d’impuissance, lorsque sur le bateau vers l’Espagne j’avais vu un douanier espagnol donner une grosse tarte à un pauvre marocain candidat à l’immigration. J’en garde l’image gravée a jamais sur l’absence de considération et de respect au genre humain lorsque celui-ci n’est pas libre et lorsque sa nation n’est pas indépendante pour défendre sa dignité.
C’est ce genre de spectacle navrant que je ne souhaite plus jamais revoir, ni celui de la police qui humilie des hommes par abus de pouvoir, pour un oui, pour un non.
Je souhaite aux algériens d’être a la hauteur de leur courage et de leur dignité pour qu’ils se disent qu’a partir d’aujourd’hui, hier c’est fini avec tout le sale agenda de l’oppression. Et qu’il en soit pareil pour les marocains, si ceux-ci s’estiment digne de liberté comme leurs cousins. Pour les musulmans, il n’y a de roi que le Roi de l’univers. Comme il n’y a de président pour des gens normaux que celui qu’ils désignent librement au suffrage universel.
Les algériens n’ont pas besoin d’attendre l’autorisation venant de l’institution militaire pour manifester. La rue est a eux et le pays leur appartient. Ils n’ont qu’a l’investir et ils se trouveront propulsés au nombre du monde libre plus vite qu’ils ne l’imaginent. Ils ne sont ni moins forts, ni moins courageux, ni moins dignes que leurs voisins. Ils sont désormais sous l’objectif de la révolution.
Mais encore une fois, la liberté ne se donne pas, elle est une rupture, un choix, une décision et un combat. J’espère que les jeunes saisissent l’exceptionnelle opportunité qui ne se présente pas deux fois en un siècle. Il ne faudra pas se plaindre après si l’on rate cette occasion en or.
De tout cœur je suis avec vous, tous les hommes libres vous soutiendront.
Allez l’Algérie réveille toi…