vendredi 11 février 2011

N3

Elle rode autour de moi, se demandant comment apaiser mon âme inconsolable. Elle ne comprend pas du tout, comment peut on accuser de sang froid, un peuple digne, d’être l’instrument d’une conspiration internationale. Venant de la part du valet du complot le plus vicieux, c’est une insulte à l’intelligence. Murmure t elle l’amertume du constat.
J’ai l’impression d’être en présence d’une femme qui n’aime plus son mari et qui procède de la force et du chantage pour la prendre. C’est un viol qui ajoute à son dégout la résolution d’un divorce pour faute. Ajoute elle solidaire de mon émoi.
- Les cris désespérés des victimes se sont élevés à la porte du ciel, pour en appeler au secours suprême. Lui dis-je en tenant sa main.
- Ne dit on pas, aide toi le ciel t’aidera ? Le peuple s’est aidé lui-même et continue à le faire, pourquoi le ciel ne l’aidera pas ?
- A partir de ce jour, le monde ne peut plus ignorer que les égyptiens furent présidés par un narcissique schizophrène qui a désormais perdu toute légitimité. Le monde la vu et le témoignage fait pleurer les étoiles et même les comètes. Nul ne pourra dire maintenant qu’il ne savait rien de l’insoutenable outrage. La volonté du peuple n’est pas prise en compte, elle est même bafouée sans considération du Réel. Mais la Révolution ne plaisante pas ni ne ment comme le fait le pharaon et Hamon. Malheur a eux et a leur armée de criminels. S’ils savaient ce qui les attend. Ce vendredi du 11 février 2011 est un jour de jugement. Le réquisitoire est sans compromis et le mal de l’histoire est dans ses chaines.
- Dans l’équation de cet accouchement douloureux, la grande inconnue demeure l’armée. Attend elle sa mise a l’épreuve pour définir sa position ou attend elle que le peuple lui octroie la légitimité pour s’emparer du pouvoir ? ou pire de tout, elle participerait des basses manœuvres, pour mettre a sac le moral et la détermination populaire.
- Ce n’est guère exclu. En observant les chroniques de cette révolution difficile. On constate la présence d’une forme de technologie ayant l’objectif d’atteindre la volonte.
- Tu n’as pas tort, il se pourrait qu’il y ait un plan, ou l’on procéderait d’une technique pour démoraliser, diviser les rangs et démobiliser la foule.
- Ils lancent des rumeurs de démission de l’indésirable, voir de son destitution par l’armée. Les déclarations versent dans ce sens et laissent entendre une proche délivrance. Les gens attendent impatiemment le discours promis. On laisse croire que le moment est venu de l’entendre dire, je pars. Et puis, il laisse mariner avant d’arriver à l’antenne en retard pour bien alimenter des sentiments contradictoires. Puis il fait un discours fleuve de baratin pour finalement évoquer les services rendus a la nation et que jamais, il n’a couru derrière le pouvoir et patati, patata, mais il reste en confirmant que l’Egypte est la terre de sa naissance et de sa mort.
- Lui et l’alliance maline qui le coach ne doutent peut être pas que le fait de mettre en ligne de mire, l’émotivité des gens, pourrait se retourner contre eux.
- Il y en a même des analystes politiques qui préconisent de soumettre le tyran a un examen psychiatrique.
Elle éclate de rire et je participe de cette respiration jusqu’aux larmes sèches.
- Ce n’est finalement pas une mauvaise idée. L’armée pourrait le destituer pour cause de folie de grandeur. Il n’est tout de même pas Napoléon.
- Non, pas du tout, il ne lui arrive pas a la cheville. Napoléon était un conquérant et le tyran n’est rien de plus qu’une oie qui se gave elle-même.
- Je ne sais pas ce que tu en penses, mais moi, je n’ai aucune confiance en cette armée aux attitudes suspectes.
- Idem, je me méfie particulièrement de son état major, ils sont au cœur du pouvoir. Ils ne sont pas là pour protéger le peuple ni défendre ses revendications, mais pour l’encercler et tenter de maitriser l’élan de sa volonté.
- Oui, lorsque le peuple n’est pas souverain, son armée ne peut pas l’être non plus, ni sa justice ni aucun appareil de l’état d’ailleurs. A cette armée de leurre, est fixé un rôle humiliant, vexant et décevant pour le peuple. C’est tan mieux tout compte fait, si indépendance était, elle serait entière et complète sinon rien. De toute façon, je ne connais pas de révolution qui se satisfait de demi-mesures. Et le peuple sait qu’il a franchi le point de non retour. Lorsque la destination est déterminée et lorsque le chemin parcouru est plus important que la distance restante pour atteindre l’objectif fixé, il devient absolument inconcevable de faire demi-tour. La peur populaire a change de camps, elle est désormais dans celui des dirigeants qui ont abusé l’histoire, les peuples et le temps. Et l’on ne peut répudier la liberté à l’aube de ses noces.
- Ouoooooooooooooooooooffff !!!! l’info est tombée. La gloire…le triomphe…la liberté…la justice…la fraternité…la solidarité…le pardon…l’humanité vient de franchir un pas de géant vers la paix universelle…
Le dictateur s’en est allé au royaume de ses regrets eternels, bon débarras, en attendant le départ du suivant sur la liste de la caravane de la révolution, l’humanité respire la promesse de la délivrance. Mais il reste au peuple de nettoyer en profondeur, les ordures politiques de la dictature qui l’a accablé.
La difficulté de sa destitution c’était comme arracher un gros clou rouillé d’un vieux chêne. Il reste au peuple d’amputer son bras armé et tout ce qui renvoie à sa défunte autorité. A savoir, la police de l’ombre, la milice présidentielle sans omettre un assainissement de fond en comble de la police des supplices.
humanite ou que tu sois, sois heureuse de voir des jours nouveaux...