dimanche 23 janvier 2011

je specule...

Je spécule depuis ma planète future, non pour ajouter un clou dans le cercueil de la dictature, mais pour suggérer au vent d’écouter la mélodie de mon errance et la symphonie de cette aventure.
Qu’est ce qui explique l’élan de l’inconscient collectif ? Qu’est ce qui oriente le vent sur le creux de ma souffrance qui murmure? Qui souffle l’esprit de la révolution ? Qui commande à la gestation de la foule pour la sortir de l’antre de l’oubli, lorsque la loi interdit aux lions de rugir ?
Pour ma part, je crois que la volonté du peuple tient son pouvoir de la volonte de Dieu. Qui d’autre que lui peut insuffler l’esprit qui rassemble les hommes, a un moment donné, pour livrer un combat incertain, jusqu’alors considéré comme impossible à concevoir ? La rébellion soudaine est une manifestation de folie collective qui s’empare de nous pour dire non à l’impossibilité de la raison. Je crois au souffle d’un esprit puissant capable de toucher l’inconscient et de mobiliser autour d’une revendication fondamentale. Je ne me permets pas de minimiser la valeur de la volonté populaire, bien au contraire, je considère qu’elle est l’expression d’une volonté supérieure, qui a le pouvoir d’émettre un décret immédiatement exécutoire. Sinon pourquoi les peuples qui sont sous le joug ne se soulèvent pas lorsqu’on assassine leur mémoire ? Les conditions objectives de la révolution sont réunies depuis longtemps, j’ai pour preuve le résultat de mes déboires. L’injustice n’est pas une découverte imminente, elle est enracinée et la coupe en était pleine depuis longtemps. Dans les pays des alentours, il y a les mêmes causes des mêmes effets, voir pire et pourtant, la révolution se fait désirer. Attendre que le fruit ne murisse jusqu'à cet instant fatal ou il tombe pourri. Alors plus personne n’ose y gouter et la sur frustration cède a la résignation et donc a la mort. S’il y a lieu une révolution dans ces cas, ce sera alors le soulèvement des revenants. Et nul ne ressuscite les morts, autre que leur créateur tout puissant. En Tunisie, le peuple était au bord de la révolution a maintes reprises. Aucun leader n’avait suffisamment de connexion avec le réel pour saisir l’opportunité de la gestation populaire, en ayant le cran de la conduire, sur le champ de la bataille décisive pour l’émancipation. La révolution tunisienne n’a ni idéologie ni intitulé apparent mais elle se repose sur la charge passionnelle qui n’est pas sans lien avec la religion. Et celle-ci est le fond commun de la majorité écrasante. Cela ne donnera pas de sur légitimité a ceux qui parlent en son nom. C’est une garantie naturelle que nul n’emploiera à ses fins les conséquences de cette révolution. Un peuple qui se libère par lui-même sans être télécommandé par un parti ou par un leader sera difficile à mater. C’est pourquoi il est dans l’intérêt de tous les partis de ne pas l’oublier. Il va sans dire que l’intégrité et le réalisme des programmes politiques, économiques et sociaux, l’emporteront sur la publicité des candidats. D’autant plus que les medias qui feront l’écho des débats publics ne seront pas contrôlés par un monopole. Nous sommes réellement devant quelque chose de nouveau dans un monde très vieux.
Nous allons faire les premiers pas dans un avenir dégagé de son funeste passé. On retiendra de ce dernier l’enseignement de toutes les expériences malheureuses. Les nôtres et celles des autres demeurent l’ombre du miroir qui réfléchira la nouvelle lumière du jour qui se lève. Pour ma part, dans mon analyse de croyant, je ne saurais louer le seigneur pour le don de cette libération, autant qu’il faille le remercier pour cette grâce aux conséquences infinies. Il est le plus à même de cerner sa magnificence et la grandeur de sa majesté. Je n’exclu pas non plus la donne cartésienne dans mon analyse de l’avènement. L’injustice en tant que cause fondamentale de la révolution n’est pas uniquement d’un ordre intérieur. Les injustices internationales observées dans l’impuissance, ne sont pas étrangères au jour de la colère universelle. Elles ont ajouté du pétrole sur l’embrasement.
La joie révoltée dans la liesse populaire ne tardera pas à inspirer d’autres peuples avides de véritables libertés. Aucun régime n’est à l’ abri désormais, même ceux qui se disent démocrates. Les monarchies tyranniques seront les derniers vaguons sur les rails de ce progrès substantiel. Ce sera probablement l’humanité qui les délogera de leur abus et ils n’auront nulle part ou fuir le jugement. Apres tout, il faut bien que la mondialisation serve le bien être de tous, un jour ou l’autre.
Les exilés tunisiens qui ne sont pas coupés de leurs racines, doivent souffrir un soulagement confus, à la limite coupable. Le banni se sentant étranger là aussi a la gloire des siens. Je n’en doute pas de leur joie mais je l’imagine manquée car elle ne sera complète que s’ils participent de loin ou de prés au succès de cette révolution, à laquelle ils n’ont pas eu l’honneur de participer. Si j’ai une recommandation fraternelle pour eux c’est parce que dans ma condition je ne peux que ressentir de pareilles émulations. Je leur suggère de mettre à profit ce qu’ils ont appris de la civilisation de leurs hôtes. Comment ? Sur le plan de l’idée, Ils peuvent au moins rétablir avec fréquence la connexion avec les leurs du pays d’origine. Ils peuvent alors faire de leur mieux en éclairant ce qui a besoin de l’être, avec les acquits de leurs expériences occidentales. Pour le matériel, chacun voit midi a sa porte. A bon entendeur salut.
Lorsque la révolution marquera un temps de reflux, elle dévoilera des atrocités qui donneront la raison d’un flux plus puissant qui fera couler les flots de nos larmes.
Je ne sais pas qui saura justifier après le soutien criminel dont la dictature avait jouie.