mercredi 26 janvier 2011

discours sensible

Le passage de la dictature et de l’état du non être qui l’accompagnait a la vierge liberté de l’état naissant exige plus qu’une posture pragmatique. Il exige l’abnégation dans l’ouverture au dialogue, avec l’environnement des alentours. Il ne servira pas le projet de la renaissance d’établir en son lieu et nom, un tribunal pour l’histoire des tourments. Deux perspectives prévisibles se dessinent à l’horizon. Ouvrir une cession pour le règlement des comptes avec toutes sortes d’injustices quelle que se soit son origine, dans l’espace et dans le temps. Ou bien pacifier les relations avec le voisinage proche et lointain, malgré les griefs qu’on aurait à son égard. Voila un objet qui nous est fixé par le changement en cours et qui nécessite un débat digne.
Pour ma part, je crois, que la révolution à autant besoin de ses hommes de paix que de ses fervents soldats. D’où la nécessité de trouver l’équilibre entre les deux tendances symétriques. La loi de la balance préconise une règle d’or. Nulle polarité de notre identité commune n’est sensé annuler l’autre. Nous devons donc faire avec le contraste de notre dialectique, pour exorciser nos maux. C’est pourquoi nous assistons à une expérience de la liberté, unique. Ainsi la glorieuse révolution se reposera amène dans un dialogue national illimité dans le temps. Ce qui renforcera le sens de la liberté et nous conduira inéluctablement vers une maturité, qui servira d’exemple pour la résolution des conflits dans le monde. Pour que notre nation portera loin l’étendard de la paix et de la justice universelle. Ceci est l’aspect idéal de la révolution. Mais nous ne sommes que des hommes. Et l’esprit de revanche qui nous habite comme il a habité d’autres avant nous, est pour le moins sauvage. Mettre à disposition les moyens culturels et idéologiques pour le dompter c’est procéder déjà de la grandeur. Le renforcement des acquits de la liberté sur la base d’une assise économique saine en sera la meilleure garantie de l’harmonie sociale. La liberté en tant que thérapie et non plus une finalité en soi.
Dans cette optique agréablement parfumée, la révolution tunisienne jetterait la base du pont entre les mondes et les civilisations, plutôt que de creuser davantage un abime déjà profond. Pour notre rétablissement économique et social comme pour notre convalescence psychologique, cette thèse semble indiquée par la voie même du cœur et de la raison.
Toute autre lecture pessimiste exclura d’elle-même son auteur, du discours ouvertement concordant.
Qui a dit que les mots étaient inertes pour ne pas avoir la capacité matérielle de conduire l’humanité sur une voie salvatrice ? Si l’on admet que la vie se repose sur la loi du don et du refus il faut envisager les quartes interprétations. C’est ainsi que se dessine la lecture objective des éléments de notre destiné. Ainsi nous composeront avec eux tout en avançons sur la voie du salut. Quiconque cherche à glorifier les uns et à diaboliser les autres, annulera la valeur de sa propre humanité. Comment saura t il reconnaitre celle des autres ? Nous ne bâtissons pas une société de saints, ou alors il faut transformer le palais public en monastère. Les outrages subis par notre fragile humanité, a besoin de temps pour guérir. C’est pourquoi nous devons dédier le temps qui nous est alloué par le destin pour ériger un pont de fraternité entre les hommes. Cet ouvrage exceptionnel est l’affaire de tous, des deux cotes de nos frontières en communes.
Il ne s’agit plus de se résoudre à faire la sourde oreille, lorsqu’il s’agit de notre cohabitation harmonieuse dans un seul et même monde. Il n’a jamais été vrai, ce mythe d’être supérieur et d’autres en-deca de leurs valeurs.
Du cote de chez nous, il y en a des libéraux et des socialistes partageurs. Tout comme les autres nations, nous avons des êtres pacifiques et d’autres belliqueux. Pour ma part, je n’ouvrirai pas le débat sur qui a raison et qui a tort. Je chercherai à les assoir ensemble, au tour d’une volonté de synthèse. J’évoque ce chapitre pour sensibiliser sur l’intérêt commun du bien être de tous. Mais aussi pour la mise en garde contre toute tentative de main mise sur la révolution. Je procède d’un vocabulaire mystique en alléguant que cette révolution particulière est gardée par une volontee qui ne craint le calcul de personne. Croit qui pourra, moi je sais que l’histoire me donnera raison, comme elle me la confirmé contre vents et marées. Ceux de nos sceptiques voir de nos propres imposteurs, lorsque tous désirait la révolution et peu l’envisageait, alors qu’elle était en émoi sur mes lèvres les plus sincères. Je me souviens comme si c’était hier, dans ce dortoir de l’internat de ma terminale spéciale, au lycée d’Arianna la bourgeoise. Je me souviens de nos débats passionnés et notamment lorsque j’avertissais une donneuse que le peuple le jugera. Cela faisait rire l’assistance tout en noircissant mon dossier au ministère de la terreur. Le surveillant nocturne d’alors, étudiant islamique laissait se dérouler le débat a une heure tardive, sans montrer mine de sa présence pour l’interrompre. Quelle ne fut une année mystérieuse et révolutionnaire. Le pays était au bord de la dérive, le peuple était prêt mais le berger semblait craindre quelque chose. Etait ce le loup ? Était ce le manque de confiance dans un troupeau illusoire ? Était ce la peur pour lui-même ? Presque trois décennies après, les autres bergers étaient encore sur la même galère de l’indécision. Et si ce n’est le peuple lui-même qui s’est mis en ébranle sans le savoir, jamais il n’y aurait eu de soulèvement révolutionnaire. Cet oracle habitait l’esprit de ma jeunesse. Je ne me l’explique pas mais je conçois, qu’il est difficile aux autres de me croire. Je l’énonce au titre d’un simple témoignage de ma littérature imprudente. J’ai désormais cette audace de vivre libre quelques heures ou de mourir digne.
Mon récit est peu conventionnel, je le concède, mais il est un essai de compréhension par un homme qui ne prends pas tout à fait part au réel. Tout le monde n’a pas de privilèges académiques ni les ressources d’un sultan d’arabie. Et moi, qui suis arraché à mes racines voir soustrait de la réalité pour raison d’études. Je semble même graviter hors de ma sphère légitime comme un objet céleste qui est détaché de son orbite. J’ai l’étrange impression de réfléchir sur une planète lointaine et la société des hommes n’est plus qu’un souvenir obsolète. C’est en cela une des raisons de mon décalage. Et pour ne pas élargir le creuset de ce pauvre héritage, j’affirme que je ne suis pas celui qui a des prétentions, pour prendre le train en marche voir monter sur le dos de la révolution. Cependant, a dire vrai, je crois qu’elle et moi nous sommes apparentés, par l’esprit et la volonté de grandeur. Et je ne suis pas aveugle pour ne pas savoir que les affaires tunisiennes ne sont pas entre les mains du peuple lui même. Et que ceux qui sont sensés les conduire avec loyauté et patriotisme ne montrent pas encore a mes yeux ce que la révolution attend d’eux. La main étrangère semble plus évidente que le hurlement dans le désert. Mon interaction avec ce qui se déroule est, on ne peut plus objective, car je survis dans le détachement. J’observe simplement qu’un vent de révolution souffle l’air que ne souhaite pas forcement les voiliers du monde libre. Je ne condamnerai donc pas les loups, si les bergers sont les premiers ennemis du troupeau. Je ne fais que chevaucher la folie de celui qui transcende le temps de son éventuelle réintégration. J’essai de comprendre et de partager l’essence de cette compréhension. Et je retiens que ce qui est fixé d’en haut adviendra.
C’est pourquoi je procède de ce que ma foi me permet de voir dans la complexité. La toile du réel requiert une connaissance plus grande que je ne suis.
Mais qu’est ce donc que cette donne ? Et que vient-elle faire dans le royaume des terriens ? Est-elle un tremplin de liaison entre la condition subjective et le réel ?
La foi me semble être l’expression de la conscience religieuse de l’individu. Je définirai symboliquement la conscience comme étant la lumière de l’intelligence qui nous cultive et nous positionne. Et la religion n’est pas seulement un volume de dogmes et de prescriptions cultuelles qui reflète l’état de nos croyances. Elle est la définition même de ce que nous sommes. Elle est la matrice à la fois de notre pensée et de notre comportement. Elle conditionne nos craintes et nos espérances.
Il apparait que la religion du capitaliste est l’argent, la religion du démocrate est la démocratie et la religion de celui qui croit en Dieu en sa qualité de créateur et juge de nos pensées et actions, c’est l’obéissance à sa volontee dans l’observation de ses commandements. Cette catégorie de personne est la plus vulnérable dans un monde régit par la matière et la soumission aux instincts de consommation. Les autres catégories observent et pratiquent les lois du système qui commande au monde, sans se soucier de l’éventualité d’un jour de jugement universel. Si l’on appartient a ceux la, on peut se permettre tout, dans la mesure où l’on s’arrange avec la loi et avec la vigilance de son autorité. Ce qui n’est pas le cas pour le religieux qui se croit sous la surveillance de celui qui voit tout. C’est ce qui conduit le croyant à observer sa conduite, à amender son âme et à examiner sa conscience. Le non croyant, lui, fera les calculs et les plans de cette vie qu’il croit seule et unique. Alors que le croyant envisage celle-ci comme un passage de labeur et de prière pour connaitre la félicite dans l’au-delà, l’éternité. Il croit également que chacun fait ce qu’il peut jusqu'à ce que son destin soit révélé.

L’étendu de la connaissance de celui-ci comme de celui la, en détermine le positionnement spirituel. J’entends son élévation et la valeur de son existence.
Si je considère que le réel est à la réalité ce que la politique est à la religion. Il m’apparait que la distinction dans sa subtilité concise, est ce qui détermine notre fonction existentielle.
De nos jours, il y a, a la fois un besoin de retour a la religion et une crainte de voir celle-ci conduire nos affaires publiques. Dans le second cas, la laïcité est la seule voie préconisée pour l’organisation de cette vie terrestre. Alors que pour le croyant, la source de la législation est d’abord la table des commandements, voir les livres révélés et donc la parole de Dieu et sa volonté. Nous sommes en présence de deux logiques symétriques qui cohabitent ou qui s’affrontent. L’une préconise d’annuler l’autre et dans les meilleurs des cas l’intégrer dans son ensemble. Voila le véritable objet du débat qui oppose la vision islamique et la réalité du monde dit libre.

Jusqu’ici, il n’y a pas un réel débat, mais des menaces de guerre et de confrontation de civilisations. D’ailleurs la guerre n’est pas seulement une option, elle est une réalité au quotidien. La troisième affreuse, a lieu sur la terre d’islam depuis x, sous les intitulés fallacieux de guerre contre le terrorisme ou pour la démocratisation des sociétés. Voir pour la défense des droits de l’homme, la libération de la femme ou pour parer à la nucléarisation de régimes instables et menaçant pour la liberté. Tout en appuyant la dictature qui sert les intérêts de l’occident et fit des valeurs du monde civilisé.
Refuser la religion dans les domaines publics n’est pas le problème en soit, tant que la laïcité traduit ses belles valeurs de justice, d’égalité, de liberté dans la réalité. Mais le réel est tout autre.

Tel que je connais l’Islam, je trouve en lui la source de toutes les valeurs universelles. Il affirme qu’il n’y a aucune contrainte dans la religion. Il affirme que les hommes naissent libres et égaux. Il incite au pardon, mais il instruit un cœur vaillant pour combattre l’injustice.
Je sais que l’occident s’inquiète de son réveil. Je rassure que son retour a la maison n’est pas pour soumettre des consciences libres, ni pour exercer une quelconque domination pour asservir les autres. Bien au contraire, il revient chez lui pour la libération des hommes afin qu’ils exercent le libre choix de leurs allégeances. C’est la volonté de son émetteur et nul ne peut aller à l’encontre de la volonté de Dieu. Ni l’empire ni l’alliance ni les barbares de toutes les nations. Il ne revient pas non plus pour combattre la laïcité, dans la mesure où celle-ci prévoit légalement sa place dans le dialogue des mondes.

A mes yeux toute civilisation est un patrimoine universel et nous avons tous besoin les uns des autres. Ce n’est que dans ce sens que la paix devient possible.


Observant la réalité de ces défis, je constate combien je suis petit et je m’en veux de n’avoir pas étudié jour et nuit depuis l’enfance.