vendredi 28 novembre 2008

en resume



C’est au cœur d’Istanbul ou je suis en attente d'un visa que je rédige à l’intention des précieux lecteurs ces quelques nouvelles de mon périple. D’abord, je dois reconnaitre que mes entrainements du karaté durant ces dernières trente années sont pour beaucoup dans ma préparation, aussi bien physique que mentale.

Je suis satisfait de n’avoir pas eu à déplorer de crampes malgrè le fait que je fais du vélo presque tous les jours à raison de 8h voir 10h et bien plus encore lorsque je ne trouve pas d’abri pour m’établir la nuit.

Vous allez vous étonner peut-être de l’apprendre, mais je vous assure que je m’entraine au karaté parfois tout en pédalant, qui plus est lorsque la fatigue s’installe et qu’il devient vraiment difficile, voir pénible d’avancer. Comment me diriez vous! C’est simple, lorsque les batteries semblent à plat, je fais appel au mental en puisant au plus profond de ce qui m’a motivé à faire ce long périple, et au lieu de presser avec la partie "kochi" de mes pieds,comme le font généralement les cyclistes je me sers de l’avantage de la pédale automatique en faisant monter au plus haut le genou, comme pour l’arracher à son attache pour donner un maigeri.

Ainsi je détourne ma pensée vers ce travail en imaginant améliorer l’efficacité de mon maigeri. Je vous assure que ça marche. Parfois lorsque c’est vraiment galère sous la pluie et le vent, au lieu de me plaindre de mon sort là où personne ne vous entend, je me dis: "tu es à l’entrainement mon gars, tu veux passer 5ième dan et bien prépare-toi à un examen dur ; alors je m’inspire des regrettés, maitre Kase et maitre Oyama, pour ne citer qu’eux, que leur mémoire soit en paix.

Un entrainement à l’ancienne méthode, une répétition par millier et comme par miracle, je retrouve à force de volonté et d’effort ce qu’on appelle le second souffle chez les boxeurs. Et là je reprends de plus belle.
Aussi comme me l’a dit le DTN le jour de mon départ devant la fédé, tu pourras "tirer en moins de 60 kg à ton retour" en me répondant avec un grand sourire, lorsque j’ai dit aux instances fédérales que j’allais devenir sec en fin du voyage. J’en suis persuadé maintenant qu'il ne sera pas aisé d’encaisser mon maigeri, permettez moi cette flatterie.

Aussi ce voyage m’a déjà appris le véritable sens de la relativité, tant en rapport avec la question du temps qu’avec celle de l’espace, que je replie avec une moyenne de 20km /h lorsque c’est plat et de 12km/h lorsque c’est accidenté, 5 km/h en marchant lorsque c’est très dur a grimper avec mes presque 200kg car j’ai bien maigri depuis mes 107 kg et des 54km/h en descente je vous prie, ouf !!! Après les grosses montées. j'ai meme double tracteur et camion...hihi..
C’est vrai qu’il y a là une école pour savoir relativiser les choses d’une manière générale. Il est à noter aussi que le risque est quasi permanent sur la route, à vélo la vie ne tient plus qu’a un fil, j’en ai grandement conscience et c’est peut-être ce qui donne un sens plus élevé à mon action.

Il y a aussi, des chiens qui vous coursent la nuit alors que vous êtes crevé et vous n’avez pas trouvé d’abri, que vous appréhendez ce que l’imaginaire obscur d’un homme épuisé peut vous faire craindre ou simplement regretter le confort et l’assurance d’un foyer que vous avez quitté. En Toscane 4 chiens m’avaient fait carrément chuter de mon vélo au milieu de la route...
des conducteurs zarbi on demande ou ils ont obtenu le permis, un camion qui ne connait pas les limitations de vitesses, on n’est plus en France là et la règlementation c’est comme on veut, il y a même des voitures qui roulent en sens inverse lorsqu’il y a deux voies séparées, j’ai vu ça en Turquie, ou lorsque l’accotement est en gravier glissant, bonjour le dérapage, j’ai failli tomber dans une crevasse un jour ou rien n’allait, ... et en Italie, le dimanche, j’ai été doublé par des voitures de courses dont les conducteurs s’amusent sur la route comme des fous...

Mais il y a aussi l’émerveillement devant une nature si belle si majestueuse et si généreuse à la fois. Il me semble que je n’ai jamais autant dit ouaaaah!...

J’ai eu aussi la chance de rencontrer des gens merveilleux qui vous réconfortent par leur humanité, à la fois simple et si attachante. En France, j’étais étonné de la générosité de certaines personnes. Par exemple à Morez pas très loin de la frontière suisse, en attendant un journaliste local et Alain le DTD du Haut-Jura avec lequel nous allions faire une animation de karaté pour des enfants, un monsieur d’un certain âge, un ancien combattant, regardait ma monture et pour satisfaire à sa curiosité, il est venu vers moi, m’a posé des questions et puis, il m’a dit :"tu as besoin d’argent" et il m’a donné 10 euros en disant regretter de ne pas avoir plus sur lui. Alain le DTD m’a offert l’hôtel et le patron de l’hôtel lui-même m’a donné 20 euros le jour de mon départ. En Suisse, le patron du camping qui est situé juste à côté du C.I.O à Lausanne m’a offert trois nuits gratuites. J’ai même trouvé un sac rempli de pommes devant ma modeste tente un soir. Les organisateurs de la semaine olympique m’ont offert une veste anti-pluie aux couleurs olympiques et des déjeuners au restaurant avec le staff, pendant les trois jours ou j’ai initié au karaté dans le stand ouvert à ce propos. Sur la route en Suisse, un soir de pleine lune, à la tombée de la nuit, je n’arrivais pas à trouver ni chambre d’hôtel ni camping, un monsieur de père suisse et de mère normande m’a offert une belle grappe de raisin avec de l’eau et un autre m’a attendu sur la route quelques km plus loin et qui m’a carrément invité chez lui, juste avant que je ne désespère trouver un abri ; sur mon blog il est en photo avec son épouse. Une demoiselle m’attendait sur un parking sur la route de Luzerne pour assouvir sa curiosité me disait-elle et puis elle m’a donné 10 francs suisses, en Turquie j’ai rencontré une générosité qui vous fait oublier les petites misères de l’épreuve quotidienne... On m’a donné des fruits, du miel, hébergé, encouragé, exprimé de l’admiration, posé des questions sur les raisons de mon périple...
Et je ne vous parle pas de la publicité faite pour le karaté. Des milliers de personnes ont vu et probablement davantage qui verront encore tout au long de mon parcours la plaque sur ma remorque ou il est écrit karaté olympique. C’est une jolie façon de faire la promotion de notre sport et notre art n’est ce pas! Comme on me la dit au siège du C.I.O.

Je dois dire aussi que parfois j’ai des doutes, des remises en questions et des larmes sans retenues comme des pudiques aussi. Et en confrontant mes démons je me le rappelle à moi-même : que c’est d'abord un défi personnel et un parcours initiatiques qui fait grandir et qui élève le karaté do.

A ce propos, le moment le plus dur de mon voyage, c’était quand la fédération grecque m’a annoncé que la fédération mondiale de karaté leur a adressé un mail, suite auquel ils ont suspendu le soutien qu’ils avaient prévu à mon endroit et dont j’ai grandement besoin pour poursuivre mon action. J’ai ressenti une telle déception en sus d’un vide total et complet. Je me suis senti livré à moi-même dans un désert rempli de colère et de révolte. Si j’étais à la montagne, j’aurai poussé un kiaiii pour vider une colère sans retenue!!! Pour faire résonner les sommets par l’écho de ce sentiment de détresse et pour faire entendre le requiem de cette émotion déchirée à qui saurait comprendre mon désarroi. Je suis resté assis un certain temps par terre en regardant ma monture, mes drapeaux, et tout en étant envahi par un sentiment de pitié, j’avais l’impression d’être seul au monde, acculé avec pour obligation de confronter le trou noir de l’univers, juste pour survivre à cette désillusion aussi brutale et dont je me serait passé volontiers en de telles circonstances. Ensuite j’ai rassemblé les débris de l’espoir disloqué et j’ai décidé de relever le défi sans m’attendre à l’aide des fédérations en comptant sur les ressources de la providence. C’est en quelque sorte l’épreuve de la foi et celle du combattant aussi qui peut renverser une défaite annoncée peu avant la fin du combat en triomphant même de l’hostilité. La providence est un fait, je n’en suis pas déçu, bien au contraire, je suis plutôt agréablement surpris de recevoir le soutien de gens qui n’ont aucun rapport avec le karaté, mais je déplore pour notre discipline que cette opportunité médiatique offerte par mon périple ne soit plus exploitée à hauteur de l’exploit qui l’accompagne.

Aussi, j’avance d’étape en étape sans avoir la garantie du moins financière pour prétendre pouvoir poursuivre celle qui viendra après. C’est l’inconnu de l’aventure par excellence à plus d’un égard.

Je trouve que ce serait une idée de faire des petits stages ambulants par exemple pour découvrir les jolis paysages de la belle France, pour à la fois pratiquer l’art, en faire la promotion et ajouter à tout cela l’esprit de la découverte et de l’aventure, c’est une suggestion à exploiter. Une sorte de rencontre entre clubs. Ça donnerait un nouveau souffle et d’autres élans fraternels aux membres de notre grande famille des arts martiaux.

Enfin, je trouve un certain réconfort de porter cet idéal à travers les contrées lointaines. Cela me donne l’impression de poursuivre un rêve très grand à travers l’espace.

En ce qui concerne le mental j’ai plutôt résolu de faire preuve de volonté et de détermination et à l'origine de cette attitude déterminée et responsable que je pratique au quotidien avec fierté, le karaté semble fondamentalement présent ; car pour moi, il est un art de vivre et un mode d’épanouissement. Et oui, comme l'a dit monsieur MAUCHIEN, j’en suis passionné devant l’Eternel. En conclusion, je compte sur le soutien des karatékas qui sont sensibles à cette quête mais je ne sais pas comment le traduire en carburant utile à mon élan. Qui voudra bien m'épauler pourra me contacter soit le site web http://www.human-brother.fr/ en rappelant que des petits ruisseaux font de grandes rivières et toute aide aussi modeste soit sera considérée avec estime.
HAMZA Le Cyclo-Karatéka pour le karate olympique.