samedi 29 janvier 2011

La révolution de la colère.

Le bourreau s’est allongé en baillant sur sa proie comme un cancer qui résiste a la chimiothérapie. C’est un indicateur de la folie qui s’acharne contre la volonté, en accusant la raison, d’être néfaste et contraire au salut public. Cet abus est le comble de la démesure d’une injustice qui croit triompher de la vérité, aux premières heures de sa gloire, dans un affrontement tragique de l’absolu.
Disperser les manifestants par la force du feu, du bâton et la pollution des gaz, ne saurait mettre fin a la revendication, cela ne peut pas non plus annuler la volonté de renverser le régime usurpateur.
Comme si nous étions interdits à la liberté, voir mineur pour assumer le pouvoir de la détermination de soi.
Qui est-il ce dictateur pour s’imposer président à vie ? Pour céder le reste du territoire qu’il n’a pas spolié, aux quarante voleurs ?
L’humanité qui tourne en rond, depuis longtemps, dans les marécages de l’inertie, ne peut plus de tant d’affronts, de tant d’outrages contre son corps et de tant d’effort de patience pour laisser faire le désastre public. L’incessant ajournement du droit de réponse de la victime, est une tactique d’adversité pour gagner du temps en déguisant l’injustice. Mais le temps qui s’enfuit est la destinée de notre vie qui se dérobe sous nos pas. Les gens d’en bas l’on bien comprit. Et la raison silencieuse ne tient pas, à ce que la démence s’empare de son domaine d’influence.
Le changement arrive et nul ne peut l’empêcher, c’est la voix de l’inéluctabilité qui le garantit. Celui qui misait sur la vertu des ténèbres fera mieux de réviser ses calculs.
Les chroniques de cette douloureuse révolution en Egypte nous assurent du début de la victoire sur l’obscurantisme et la barbarie moyenâgeuse des régimes arabes. Nous assistons à la convulsion de l’histoire qui vomit ses tyrans. La nature criminelle de ce régime se dévoile par la cruauté de ses agents qui s’abattent sur le peuple, comme un fléau de maladie honteuse. On n’assiste pas à une gestation paisible vers un changement démocratique serein, on pressent les coups de semences d’une révolution qui réclame le sang des barbares. Non parce qu’ils résistent dans un combat juste, mais parce qu’ils outragent l’ensemble de l’humanité qui est unanime sur la nécessite du changement. On est loin du soulèvement du jasmin, on est face à l’appareil du mal. Sa chute est un décret céleste mais il s’oppose à la notification populaire qui le somme de dégager. Quelque soit sa force et sa méthode d’organisation pour empêcher ce qui doit l’être, l’union du peuple égyptien se renforcera car il ne saura accepter la défaite a une heure de son indépendance. C’est un enjeu vital, existentiel même pour lui, ou tout retour en arrière équivaut à une condamnation sans appel, à la honte dans une mort certaine. Je n’imagine pas le peuple se soumettre a la sentence de ce danger. Je présume que la loi universelle s’appliquera, la violence engendrera la violence. Si ce régime corrompu, tortionnaire et criminel ne répond pas à la revendication populaire, que par l’intimidation et la violence, il récoltera une résistance armée et une condamnation internationale de tous les esprits libres du monde.
La peur de dormir paisiblement et de se réveiller dans un cauchemar, avait transformé la réalité en une marche sur le feu dans un terrain hostile. L’acharnement des injustices et des humiliations de tout ordre, la dignité en berne longtemps et mille causes en appellent à la révolution. La douleur est grande dans notre histoire et la renaissance n’est pas sans dégâts.
Qui peut admettre que la sécurité de l’enfant gâté justifie l’exécution de la volonté des millions ? J’ai bien l’impression que la paix va finir par l’emporter. Mais a quel prix ? Et les créanciers ne seront pas forcement ceux qu’on croit. Ceux qu’on prend pour des imbéciles, n’ont plus aucun doute désormais que leur pays est une sous colonie de l’empire du pire.
Au lieu de craindre l’islam dit politique, il convient d’aider à sa réhabilitation civilisatrice. Aider a l’élaboration d’une vision loyale et juste de cette religion qui a la base, prône la paix et le pardon avant de préconiser le Jihad contre l’injustice.
De ce point de vu, Il ne fallait pas craindre les frères musulmans. Il ne faut pas nier l’évidence, ils sont une composante du peuple qui s’est soulevé. Il faut composer avec eux pour les responsabiliser davantage. L’état de droit qui devra voir le jour en Egypte, ne peut pas ne pas être laïque. C’est la condition sine qua non, pour permettre au débat de la reconstruction du pays de voir le jour pour lancer la base de la justice sociale. Comme personne n’a conduit la révolution, personne ne pourra s’ériger en leader pour imposer sa vision. Je pense que nous avons eu assez de despotisme, d’idolâtrie et de culte de la personnalité, pour accepter de la part de qui que se soit, de reconduire le schéma du passé ivre de terrorisme. D’autan plus que le peuple a été déçu par ses chefs, gouvernants et opposition. Il n’a compté que sur lui-même pour conquérir sa liberté en se débarrassant de sa bête. Il n’admettra surement pas de se fier a une formation religieuse pour la conduite de ses affaires publiques. Qui plus est, ces formations doivent d’abord réussir l’examen de leurs débats internes, avant de s’imposer en sauveur. En réalité, la révolution n’a jamais été un objet dans leurs littératures. C’est entre autre, la crainte d’être dépassé par les événements qui conduit ces formations à s’inscrire dans l’élan de la colère populaire. Je n’entends pas minimiser leur participation ni leur rôle dans le soulèvement ni je ne soutiens une volonté de les exclure. Au contraire, il faut les intégrer par leur immersion dans la réalité nouvelle et alors le monde verra un changement dans leur discours. Pour ma part, je ne manquerais pas de rappeler à qui veut l’entendre que le capital : religion, est un patrimoine universel. Nul ne s’en appropriera la légitimité du monopole. Et a chacun le droit de s’en référer pour la rédaction du nouveau contrat social, dans la mesure d’une connaissance avérée. D’ailleurs il faut compter avec une jeunesse qui s’est ouverte sur l’expérience du monde libre. C’est la meilleure garantie de control pour défendre les acquis de leur liberté.

En plus ce que veut le peuple, ce n’est pas nécessairement une expérience de taliban, c’est plutôt le pouvoir de recouvrir sa dignité humaine et ce qui va de soi, avec. Et ces formations ont droit aux mêmes privilèges de la liberté, dans une société ouverte. La liberté conquise responsabilisera et n’appellera pas à un autre désordre, d’un autre âge qui a beaucoup à se reprocher. C’est ainsi que je perçois la loi de l’équilibre nécessaire a l’harmonie d’une Egypte qui doit demeurer ouverte a tout le monde.
Je disserte naïvement mais la réalité de la politique montre que la révolution devra montrer ses canines, pour être prise au sérieux. Faut il s’attendre qu’elle frappe ailleurs, la ou personne ne l’attend, d’un destin plus fort, en réponse a la comédie des décideurs de l’ombre. La tactique de l’électrochoc se moque royalement de toute une nation. Nous verrons qui fait fausse route, les demandeurs de la justice ou l’anti christ d’une démocratie de contrefaçon.
La cause du peuple n’est ni gagnée ni perdue. Cependant, le peuple est chez lui dans la rue et ce sont les autres qui ont tout perdu, en sous estimant la valeur du sang.
Le misérable rêveur soutenait l’espoir qu’Il fallait recevoir la dynamique du changement comme une nouvelle espérance pour la paix et la prospérité dans le monde. Et que se serait l’occasion d’effacer pas mal d’ardoises en reconsidérant la chance d’un pardon universel. Et que c’est possible.
Les amants de la vérité savent qu’Il est temps de faire confiance à la volonté des peuples. Tarder à comprendre ce qui doit l’être, ne servira pas une fois qu’il se fera tard.
Cette nuit, le peuple ne dormira pas, il balayera la nuit et son pouvoir, pour joindre le jour, souverain.
Demain sera fait de dialogue selon sa volonté, ou ne le sera pas.