vendredi 14 janvier 2011

lettres de l'au-dela n2


A mes compatriotes des deux rives, permettez moi de vous écrire ceci, la gorge nouée, mais l’esprit clair du combattant de la liberté.
La réalité du jour est faite d’une crise profonde de confiance entre le peuple et sa gouvernance. Si cela est avéré dans un état souverain et dit indépendant, quand est-il d’un état mécréant qui est aux ordres, assis sur le désespoir de son peuple.
Chasser définitivement l’imposture de son château et balayer devant sa maison le reste des injustices! Voila la mesure de la détermination de ce peuple qui n’en peut plus du joug.
En venant en aide a ce peuple qui est dans son épreuve existentielle, le peuple français renforcera les liens d’amour, d’amitié et de fraternité avec tous ses voisins au sud.
C’est la meilleure garantie de sa sécurité venant de cette rive. C’est également un investissement lourd de sa civilisation. Lorsque j’entends les nouvelles d’exécution de français sur le continent africain, soit par des mercenaires avides de dollars ou soit par des copies de despotes, politiquement frustrés, cela me chagrine profondément. C’est pour ce faire que j’en appelle à la bonne conscience des français de quelques origines ou confessions quils soient. Aidez votre prochain du sud à soulever le fardeau de la tyrannie qui l’écrase et vous bénéficierez des biens faits de cette libération. Cela vous apportera à vous aussi un large soulagement. Un peuple civilisé ne doit pas admettre l’outrage aux droits de l’homme à sa porte indéfiniment.
Un peuple au rang de l’intelligence française comprend que les tunisiens ont rêvé longtemps de sa liberté avant de s’inspirer de sa révolution, par ce soulèvement qui surprend. Et la révolution en marche a besoin de ses hommes de paix pour parer au triomphe de la guillotine. Celui qui ne me crois pas, interroge l’histoire ou attend de voir le pire spectacle du sang. Je ne crois pas que la dictature va lâcher prise pour se repentir de ses démons. Par de sombres manœuvres, elle préférera exécuter tout le peuple que de se rendre à lui. Attention au génocide qui se prépare avec la bénédiction du capital du plus fort. Il y a des gens pour qui la vie des autres ne vaut pas la fumée d’un cigare.
L’humanité est un corps, la souffrance des uns c’est la malédiction des autres. Et la liberté n’est pas un monopole, c’est un patrimoine universel. Elle n’a de sens que dans son partage.
Le monde est a un point de rupture tel, que les choses vont radicalement changer. Le tout c’est de projeter beaucoup d’humanité dans le processus événementiel. Je me permets de rappeler que c’est notre ignorance de l’autre qui nous fait peur de lui. Le connaissant mieux, on dégage l’ombre qui nous en sépare pour étendre le tapie de la courtoisie avec lui.
Il est des plus prudents de prêter une oreille sincère aux troubles du temps comme a la convulsion de l’histoire. Le gémissement dans la douleur des prisonniers d’opinions dans les geôles des tyrans, n’est pas étranger au secret de nos propres mélancolies, même dans le faste. Si les hommes se sentent bien chez eux, je ne vois pas pourquoi vous ne vous sentirez pas plus heureux chez vous.
Un point d’ombre vous fait craindre le pire ? L’islamisation d’un état longtemps au service de l’occident vous fait-il peur ? Cela ne se peut ni ne doit. D’après ce que je sais de l’expérience lorsque je me cachais de la peur. Les islamistes tunisiens n’ont ni le projet ni l’envergure de diriger un peuple contre son grés, un peuple qui plus est, culturellement proche de vous. J’entends dire, ils ne sont pas ignorants au point de créer le conflit avec vous. J’ai entendu des critiques à votre égard comme vous avez à leur égard, mais aucune haine ne pointait du nez à votre encontre. Ils aspirent plus que tout au droit a la liberté d’expression, a la dignité humaine et a la sûreté d’être par mis les siens, sans êtres suspectés de tout et de rien. Ils ne sont ni rebelles, ni belliqueux envers vous. Un pays se reposant sur le tourisme dans la gestion de son économie, ne peut être tenu par les talibans d’Afghanistan. Les islamistes tunisiens que j’avais côtoyés quand je n’étais enfin de compte quun enfant, n’ont rien des Talibans. Ils étaient des gens intelligents, cultivés, gentils et fraternels, sauf peut être exception, mais je n’en ai pas rencontré. Ils ne représentent absolument aucune menace pour l’ordre du monde. Ils ont étés longtemps exclus, emprisonnés, bafoués dans leurs droits les plus élémentaires, exilés, persécutés, bannis, etc… ils avaient fait un accord avec l’actuel dictateur mais il s’est retourné contre eux principalement comme un serpent contre une proie facile. Parce quils représentaient une menace pour la pérennité du pouvoir en place et notamment aux heures des élections, non parce quils incarnaient une base pour le terrorisme, ni même un courant hostile aux intérêts légitimes de l’occident. A moins que ce dernier craint de parlementer avec des hommes intègres et réellement représentatifs d’une belle fraction du peuple. Dans ce cas l’occident aurait beaucoup à se reprocher. Et quand bien même se serait le cas, c’est l’opportunité de tout laver en tendant la main pendant ces heures cruciales.
Aussi, Il est à savoir que l’islam en Tunisie ne représente pas a ce que je sache une fermeture a l’opinion, ni un blocage aux liens avec la différence d’autrui, que devrait craindre l’occident. Il est plutôt une école de recherche et d’identification au sein de nombreux courants parfois hostiles les uns aux autres. On n’est pas obligés d’êtres pareils a tout point de vu pour s’entendre sur l’intérêt commun, ou pour étendre la paix entre nous. Et si l’on a peur du loup qui se cacherait éventuellement derrière le discours mesuré de ses chefs de ligne. Ce que je comprends, la France en tant que parti dans le débat interne de sa rive du sud, pourra agir pour définir une garantie de bon voisinage. Aussi, vous avez des medias puissants pour établir la balance et concourir à débarrasser les tunisiens de leurs fausses croyances. A titre d’exemple, pour distraire le peuple de ses propres préoccupations, c‘est le pouvoir arabe lui-même qui a désigné le juif comme coupable de tout. Ce ne sont pas les musulmans respectant le même père, Abraham, la paix sur son âme. Non seulement on ne vous dit pas tout, mais on vous dit souvent le contraire de ce que vous devez savoir. C’est même Bourguiba, l’ancien tyran, qui se faisait appelé le combattant suprême, qui avait décrété « haram » c'est-à-dire religieusement illicite et donc moralement interdit de prendre la nationalité française. Les islamistes tunisiens n’ont jamais osés cette fatwa. Je ne sais pas à quel islam faisait-il allégeance en se permettant ce grossier mensonge. Il y a d’autres soit disant commandeurs des croyants qui sont au sommet de la pyramide des crimes contre l’humanité. Ils sont au pouvoir faiseur du terrorisme. C’est eux quil faut dénoncer car ils sont aussi vos ennemis que les nôtres. Soyez certains, leur heure approche a grand pas
Aussi, je ne vois pas d’islam en France comme je ne vois pas de christianisme à Rome. C’est mon opinion. Je vois juste des musulmans sans islam comme j’observe un christianisme sans chrétiens. C’est plutôt l’argent qui régit les affaires de notre monde et même quand on prie Dieu, c’est souvent pour réclamer ces ressources. Aujourdhui il n’y a pas de débat, il y a la loi du plus fort qui impose sa vision. Cela ne durera quun temps. Ou serions-nous alors ?
Pour ma part, ayant déserté les lieux communs. Je songe à demain et j’aspire à la véritable paix, à la véritable liberté qui permettra à l’esprit de s’épanouir, pour le plus grand nombre possible. Au delà de mes erreurs de jeunesse et mes faiblesses d’homme, c’est tout le crime que j’ai commis et qui m’a empêché de voir ma mère plus d’un quart de siècle. Je vous rassure, je ne détiens pas le record de cette douleur et ma mère s’en est allée, sans me revoir.

A propos du lendemain tunisien, si la dictature ne s’endurcit pas davantage, dans mon humble posture, je suis d’avis, d’imaginer un système mettant à l’abri de tout retour en arrière.
Il faut d’abord éradiquer la racine du mal, en finir avec le parti unique. C’est plus facile à dire qu’à faire.
Dans cette projection. Ce qui serait audacieux, c’est de procéder a la constitution d’un collège constitutionnel, qui sera issu de tous les futurs présidentiables tunisiens, a savoir, les principaux responsables de mouvement politiques, sans exclusion, quoi que le parti unique d’antan devra au moins être suspendu autant quil n’avait gouverné en bannissant les autres. Les universitaires, les médecins, les avocats, les représentants du mouvement syndical et tous les portes paroles de la société civile. Ce collège aura en charge l’élaboration d’une nouvelle constitution à soumettre au referendum. Il pourra designer un collège présidentiel de 3 personnes dont un porte parole. Ainsi, la présidence sera collégiale et non individuelle, du moins pour un temps à définir, jusqu'à ce que se ferme la blessure du président providence qui a tous les pouvoirs réunis. Durant ce processus de réel changement, il formera un gouvernement transitoire par mis le collège constitutionnel, pour conduire les affaires courantes. Dans cette période qui s’étendra jusqu’a 2014, ce sera un temps raisonnable pour apaiser la colère publique et permettre le retour normal a la sérénité nécessaire à l’élaboration d’une opération véritablement démocratique.
La précipitation ne servira l’intérêt d’aucune personne loyale dans cette affaire. L’actuel président, étant déchu de tout pouvoir et surtout de toute autorité sur la police, ou l’armée, pourra demeurer jusquau terme de son mandat, prisonnier de luxe dans son château. Mais prisonnier de la mémoire aussi et qui soit traité avec humanité et grandeur, digne du rang du prince quil fut. Le sens de la révolution populaire n’en sera que plus grand et la leçon pourra faire école à tous les territoires occupés d’alentour. (En relisant j’apprend quil a fuit le pays, c’est quil a vraiment la trouille et donc il est coupable a tout point de vu)
Dans cette perspective, la France ne peut que gagner en rayonnement, si elle admet à temps que le peuple du sud est digne de sa liberté. Bien entendu, un peuple qui se soulève, n’est plus le troupeau à qui on nie ses aspirations d’indépendance ou qui attendrait l’autorisation de ses anciens occupants pour gérer ses affaires comme il l’entend. Mais, c’est plutôt, pour bien tourner la page torturée, quil convient de tendre la main salutaire dans ces moments clefs. Apres, l’analyse de l’époque coloniale pourra se faire dans la sérénité et avec le plus grand détachement.
Il faut faire très attention. A défaut d’une réelle solution démocratique, les troubles redoubleront d’intensité, et la rupture consommée avec le pouvoir qui était en place donnera lieu a un divorce entre nations, exaltera la rancune et exclura à l’ avenir tout espoir de fraternité entre les rives. Nous n’avons franchement pas besoin de cette adversité. Moi qui suis a la porte du désert en Tunisie, j’ai connu l’amour en France. Et je m’émeu autan de l’hymne national français que tunisien, qui portent au fond le même message. Les renseignements généraux posaient ce genre de questions aux postulants a la nationalité française, « si une guerre éclate entre le Maroc et la France, quelle partie prendras tu » a moi on me l’a pas posée, mais si c’était le cas, j’aurais dit quil n’y a absolument aucune raison d’avoir une guerre entre nous. En tout cas pas entre nos peuples, sauf peut être entre gouvernements. Et les gouvernements peuvent aller en enfer, jusquici, je n’ai trouvé nulle part un qui représente fidèlement voir loyalement son peuple.
C’est la part française qui m’habite qui manifeste un soutien français à la part tunisienne opprimée. Interrogez les binationaux sur cette déchirure, les plus avisés d’entre eux se reconnaitront comme des citoyens du monde. Et un citoyen du monde a beaucoup d’amour dans son cœur, il ne faut donc pas lui demander de choisir un et de renoncer a l’autre.
Un franco-tunisien, chercheur me semble t il, est tombé par la balle de la répression en tunisie. La dictature -bas a tué l’un des vôtres. Comme elle en a tué avant et après que le président a soit disant ordonné le cessez le feu contre le peuple.
La manifestation de solidarité française a l’égard des tunisiens dans leur combat de libération est requise.
Ceux qui sont en charge des dossiers du présent, commettront un crime impardonnable s’ils participent au vol de cette innocente révolution. Ou simplement de laisser faire. Et tous ceux qui peuvent faire quelque chose pour le triomphe de la vérité en ces heures cruciales et qui ne le font pas, engage leur responsabilité morale devant l’histoire. Je désigne les partis de gauche notamment et les syndicats dont la lutte est la même. Et celui qui affiche son amitié avec le dictateur affiche du coup son inimité au peuple qui a subit sa répression. Et celui qui publiquement affiche sa solidarité au criminel, salit la mémoire de la France.
C’est tout de même étrange, cette droite maladroite qui soutient le dictateur en faisant la sourde oreille aux vrais patriotes. C’est à croire que l’indépendance n’a pas eu lieu vraiment, mais il y a eu une espèce de troc. Il n’y a personne lucide en Tunisie qui croit en l’indépendance. A défaut d’aider les gens du pays a prendre leur destin en main, ne salissez pas la République en se rangeant du cote du perdant et de sa horde sauvage. Cela serait indigne de la grandeur de la France.
Les intellectuels français, les artistes et les medias, porteraient une lourde responsabilité, s’il laissait quiconque violer cette innocente révolution, sans au moins le dénoncer.
Connaissant la nature tunisienne, elle est prompte au dialogue et a la reconnaissance mutuelle. A quand un vrai dialogue entre le pouvoir français et les patriotes tunisiens.
Ce qui sera un excellent rôle de la France, serait de contribuer a la mise en place des instruments politiques et administratifs garantissant le non retour a la tyrannie d’hier. La supercherie pend déjà au bout de la corde tendue et il est tard pour recommencer perpétuellement le supplice de l’humanité.
Quoi de mieux quun rapport de bon voisinage ?
Cela est évidemment possible, culturellement nécessaire même en islam en tant que culture fondamentale de la composition tunisienne. La frontière ne débordera plus de nos anciennes misères. Et le français ira chez lui en Tunisie. Ce ne sont pas des paroles en l’air.
Les tunisiens ont plus que jamais besoin du savoir faire français. Le temps est aussi venu pour la France de mettre en pratique le principe constitutionnel de la fraternité. J’en suis sur que les français voir les européens, seraient ravis de retourner chez eux en Tunisie pour de plus belles vacances et a moindre frais.
Cela n’est pas utopique. C’est une réalité imminente si chacun met du sien, dans le bon sens. Le temps de la duperie est partie sans retour. Il serait vain de tenter le ressusciter.
J’ai entendu le discours présidentiel, j’ai eu pitié de son auteur à la voie tremblante. La raison du pardon que j’étudie me recommande l’élévation et la clémence. C’est pourquoi je ne suggère pas la potence au tyran dans la mesure il ne versera plus de sang et que le peuple recouvre son indépendance sans excès de violence.
Le discours présidentiel arrive tard et ne répond plus à l’attente populaire.
Nul ne croit aux promesses du dictateur et l’imposture quil conduit ne peut plus cacher l’immonde supercherie. Attendez de voir ce que dévoileront les secrets des cachots.
Le véritable défit ne réside pas dans la volonté de vengeance. Il s’agit de lancer les jalons de l’avenir sur la base de la justice, certes, mais du pardon pour ce qui est pardonnable. Quand aux tortionnaires, il leur faudra payer le prix de leur rédemption. Ceux la, il devront payer.
Je pense que la place de la France dépendra de son positionnement actualisé, face à la volonté du peuple qui s’agite pour s’émanciper de ses bourreaux. J’espère de tout cœur, que les autorités françaises se rangeront du coté du peuple, on pesant de tout le poids de la république, sûr la vielle autorité, pour que la république française ait enfin une sœur digne d’élever haut et fort l’étendard commun, de la déclaration des droits de l’homme.
Seule l’installation d’un état de droit garantissant le respect réel des droits de l’homme viendra à bout du feu public, déclenché par l’insoutenable frustration de toute une nation.
Le temps est venu de reconsidérer les choses.
Ceux qui misent sur le caractère intempestif et passager de l’orage ne semblent pas craindre les intempéries d’après. Les dégâts relationnels seront imprévisibles et la détérioration des rapports sud nord seront peut être irréversibles lorsque la victime aura définit avec désespoir, le commanditaire de son agonie. Pardonnez cette mise en garde.
Sur le plan intérieur, nulle bourgeoisie ne viendra comme de coutume voler le fruit de la révolution. Nul ne pourra prévaloir du privilège de l’avoir conduite, elle est venue d’elle-même surprendre notre époque. Le peuple est son instrument, les intellectuels qui prendront la relève, ne seront plus placés au dessus, ils seront justes ses administrateurs.
Lorsque j’écoute avec émotion l’hymne national français, je pleure avec l’impression d’entendre l’hymne écrit pour tous les opprimées de la terre. Voila un héritage en commun et que la révolution fasse trembler la terre sous l’injustice de nos « rois ».
Lorsque j’écoute l’hymne tunisien, je pleure d’abord le poète qui l’a écritpuis ma mère, frères et sœurs et vieux amiset je le trouve concordant avec l’hymne francais.